25.11.19
Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes - MMM publie une déclaration réitérant l'urgence de mettre un terme aux mauvais traitements et à la violence que subissent les mères pendant la grossesse et l'accouchement.
Selon la loi vénézuélienne de 2008, qui a été la première à définir ce type de violence (en anglais), la violence obstétricale est « L’appropriation du corps et des processus reproductifs des femmes par le personnel de santé, qui se manifeste par : un traitement déshumanisant, un abus de médication et une pathologisation de processus naturels, entraînant une perte d’autonomie et de capacité de décision libre sur son corps et sa sexualité, affectant négativement la qualité de vie des femmes« .
En France, en juin 2018; le Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes a rédigé un rapport sur « les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétricale », définis comme « des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant.e.s — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s. »
Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves.
La violence obstétricale comprend les violences physiques et verbales, le manque de soutien médical de la part des professionnels de la santé pendant l’accouchement, les procédures médicales non consenties et le refus de soulager la douleur.
Nuisibles pour les mères, ces pratiques ont également un impact sur la relation mère-enfant et donc sur le développement et le bien-être de l’enfant. Nous savons à quel point le stress toxique et la violence peuvent avoir un impact négatif sur le développement de la petite enfance et compromettre l’avenir de l’enfant.
Il est donc crucial de promouvoir des soins de maternité respectueux et la participation des femmes et des groupes de femmes aux décisions concernant les politiques et les pratiques en matière d’accouchement. Ceci doit se faire en conformité avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la grossesse et l’accouchement positifs en tenant compte également du rapport du HCDH des Nations unies sur la question de la discrimination à l’égard des femmes en droit et en pratique.
En mai de cette année et pour la première fois, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes, Mme Dubravka Simonović, a donné l’occasion à toutes les parties intéressées, y compris la société civile, de présenter des rapports documentant la situation des femmes dans le monde. 128 soumissions ont été reçues et un rapport a été rédigé. MMM a présenter deux rapports : un rapport comparatif présentant la situation concernant la violence obstétricale en Europe (en anglais) et un rapport sur la situation en Argentine (en espagnol).
En octobre 2019, Mme Simonović a présenté à l’Assemblée générale des Nations unies son rapport intitulé « Une approche fondée sur les droits de l’homme des mauvais traitements et de la violence à l’égard des femmes dans les services de santé génésique, en mettant l’accent sur l’accouchement et la violence obstétricale« .
Ce rapport est une étape importante pour reconnaître et donner de la visibilité à cette question cachée, car c’est le premier rapport qui expose la violence obstétricale au niveau international. Les preuves fournies décrivent non seulement la réalité généralisée de la violence obstétricale, mais aussi la manière dont la législation, les politiques et les prestataires de soins de santé peuvent mettre fin à ces pratiques généralisées aussi préjudiciables.
Le rapport aborde les différentes causes des mauvais traitements et de la violence à l’égard des femmes pendant l’accouchement, telles que « les lois nationales discriminatoires qui demandent le consentement du conjoint ou d’un tiers pour les traitements médicaux des femmes ». Il est essentiel que les mères soient les principales décideurs à donner leur consentement pour les décisions médicales de l’accouchement. Mme Simonović mentionne également le rôle des conditions de travail dans les systèmes de santé qui conduisent à ces mauvais traitements pendant l’accouchement. Pour remédier à ce problème, elle appelle à « la coopération entre les institutions de santé et les associations professionnelles avec les organisations non gouvernementales de femmes ».
Nous espérons que le rapport de Madame Simonović aura un impact sur les décideurs politiques, car son contenu et ses données montrent la gravité et l’étendue du problème, ainsi que la nécessité d’un changement global pour y faire face.
En outre, la revue médicale Lancet a publié en novembre 2019 une étude sur les accouchements dans les hôpitaux de différents pays dont le Ghana, la Guinée, le Myanmar et le Nigeria. Dans ces pays, 35 à 40 % des femmes en moyenne ont subi une forme ou une autre de « violence physique, de violence verbale, de stigmatisation ou de discrimination ». Il est important de noter que les femmes ayant participé à cette étude ont déclaré que les abus physiques et verbaux atteignaient un pic 30 minutes avant la naissance et jusqu’à 15 minutes après. Environ 57 % des femmes n’ont pas reçu d’analgésiques à l’hôpital. De nombreuses femmes n’ont pas donner leur consentement à l’épisiotomie ou à la césarienne bien qu’elles les aient subies.
Nous appelons les décideurs politiques, les professionnels de la santé et tous les acteurs concernés à mettre en place les conditions pour mettre fin à la violence obstétricale ainsi que la création d’un système de réparation et d’indemnisation des victimes.
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