Maternity Action, membre de MMM, fait campagne pour une réforme du système britannique de congé parental

20.02.21

En avril 2015, le régime de congé parental partagé est entré en vigueur au Royaume-Uni. Ce nouveau régime exigeait toujours que les nouvelles mères prennent les deux premières semaines de leur congé de maternité. Mais elles peuvent désormais échanger leur congé de maternité contre un congé parental partagé et transférer jusqu'à 50 semaines de ce congé (dont 37 semaines payées) au père ou à l'autre parent.

Cinq ans plus tard, il est clair que le système a échoué et qu’il était défectueux dès le départ. Comme l’avaient prédit les syndicats et d’autres organisations, de nombreux nouveaux parents n’avaient pas droit au Congé Parental Partagé.

En outre, les employeurs se sont plaints de la complexité de la réglementation, et les nouvelles mères ont préféré, à juste titre, être les bénéficiaires du régime, ce qui a laissé les pères avec un congé de paternité mal payé.

Notre association membre, Maternity Action[1], a formulé une proposition concrète, dans le cadre d’une campagne visant à réformer le régime du congé parental partagé.

Maternity Action a élaboré un modèle pour un nouveau système simple et plus équitable de congé de maternité, de congé de naissance et de congé parental, qui couvrira les 18 premiers mois de la vie d’un enfant. Ce modèle présente une « structure simple 6+6+6 : six mois de congé de maternité rémunéré réservés à la mère et six mois de congé parental rémunéré pour chaque parent. Ce congé parental pourrait être pris ensemble ou séparément, ce qui donnerait un maximum combiné de 18 mois de congé payé. Enfin, les nouveaux pères bénéficieraient de deux semaines de congé de paternité non transférable, à prendre au moment de la naissance ou peu après, car la grossesse et l’accouchement ne peuvent pas être partagés de la même manière par chacun des parents.

Ce système, selon Maternity Action, « préserve les droits existants des mères (plutôt généreux au Royaume-Uni[2]), tout en améliorant ceux des pères, afin d’encourager et de soutenir une parentalité plus égalitaire ; il doit être basé sur des droits individuels, non transférables (« à utiliser ou à perdre ») pour chaque parent et, point crucial, tous les congés doivent être payés à un niveau décent et équitable ».

La proposition de Maternity Action souligne que « les approches les plus réussies dans d’autres pays, comme celles de la Suède, de la Norvège et de l’Islande, sont basées sur des droits individuels, non transférables pour chaque parent et sur un congé bien rémunéré ».

La directive européenne sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, adoptée en avril 2019[3] vise à moderniser le cadre juridique européen existant dans le domaine des congés pour raisons familiales et des modalités de travail flexibles. Grâce à cette législation, les parents et les aidants pourront mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie privée. Les États membres ont jusqu’en août 2022 pour adopter les dispositions législatives, réglementaires et administratives nécessaires pour se conformer à la directive.

La directive fixe un certain nombre de normes minimales au niveau de l’UE en ce qui concerne les congés parentaux, de paternité et d’accueil, ainsi que le droit de demander des aménagements de travail flexibles (télétravail, horaires flexibles et réduction du temps de travail).

Cette directive bien qu’elle constitue un incontestable progrès dans la conciliation vie professionnelle vie familiale ne fixe que des normes minimales que les Etats membres devront améliorer.

Les acteurs sociaux doivent surveiller, influencer et évaluer attentivement la mise en œuvre de la directive et rappeler aux gouvernements nationaux d’en faire plus et d’aller au-delà de ces normes minimales pour garantir réellement aux parents le droit au choix et à la flexibilité.

MMM regrette que la directive sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ne fasse pas référence à un niveau minimum de rémunération européen (par exemple, comme le niveau de congé de maladie pour le congé de paternité). L’introduction de normes minimales adéquates de remplacement du revenu et de non-transférabilité sont des mesures essentielles pour promouvoir l’utilisation des congés par les hommes. Les familles ont besoin et demandent de la flexibilité. Il appartient maintenant aux États membres de prévoir une rémunération adéquate du congé parental pour encourager les travailleurs à prendre effectivement ces congés.

En gardant à l’esprit l’exemple du Royaume-Uni, MMM appelle à nouveau les États membres de l’UE et les employeurs à soutenir les parents dans leur tâche essentielle de prise en charge de leurs enfants et des adultes dépendants.

La pandémie a donné à tous les gouvernements l’occasion de faire le point sur ce qui compte vraiment et de mettre en œuvre des mesures adéquats. Cela demandera du courage et de l’imagination. Mais c’est une question de priorités.

Document d’information de Maternity Action :” An-equal-endeavour »

[1] Shared Parental Leave: robbing Petra to pay Paul
[2] https://www.gov.uk/maternity-pay-leave/leave
[3] https://data.consilium.europa.eu/doc/document/PE-20-2019-INIT/en/pdf

Articles les plus lus

Investir dans les mères est la clé du changement intergénérationnel

13.02.24

ONU New York, CSocD62 - L'intervention de MMM auprès de la Commission du développement social rappelle qu'investir dans les mères à travers la reconnaissance, l'éducation, la protection et un sou

Lire plus

Envisager le Care comme fil conducteur des crises mondiales

29.07.24

ONU New York - Notre événement parallèle virtuel du HLPF a rassemblé des experts pour mettre en lumière la façon dont les différentes crises mondiales auxquelles nous sommes confrontés (en

Lire plus

Mères, travail familial non rémunéré et crises mondiales : faire le lien

02.07.24

ONU New York / FPHN - Inscrivez-vous dès maintenant pour participer en-ligne à notre événement parallèle au Forum politique de haut niveau de cette année.

Lire plus
Voir tous les articlesde la catégorie

L’actualité de MMM et de son réseau

L’éducation des filles en Côte d’Ivoire : pierre angulaire du développement et de l’autonomisation des mères

15.11.24

Make Mothers Matter (MMM) s’est rendu en Côte d’Ivoire à l’occasion de la Journée internationale de la Fille le 14 octobre 2024. Notre représentante auprès de l’UNESCO, Brigitte Marais, a particip

Lire plus

Les voix des mères au Conseil des Droits de l’Homme

07.10.24

ONU Genève- Alors que la 57ème session du Conseil des Droits de l'Homme (9 Septembre-11 Octobre) s'achève, revenons sur nos contributions qui apportaient la perspective des mères aux multiples discussions q

Lire plus

Les mères et la paix sous les projecteurs

24.09.24

MMM en France - Retour sur notre dîner de haut niveau qui s'est tenu à l'hôtel de ville de Versailles, près de Paris.

Lire plus

Gouvernements locaux, acteurs clés en faveur d’ une société solidaire

21.09.24

ONU New York, Sommet du futur- Lors de l'événement Caring Territories for the Future: Feminist Municipalism for Equality, Climate Action, Democracy and Peace, MMM a présenté les nombreuses façons qu'ont au

Lire plus

Interventions dans la petite enfance : un élément crucial pour l’autonomisation des mères d’enfants porteur de handicap

18.09.24

L'EASPD, en collaboration avec divers réseaux de défense des droits de la famille, dont le MMM, a publié un document de synthèse sur « l'Intervention précoce auprès de la famille" (IPE) pour les enfants

Lire plus

Envisager le Care comme fil conducteur des crises mondiales

29.07.24

ONU New York - Notre événement parallèle virtuel du HLPF a rassemblé des experts pour mettre en lumière la façon dont les différentes crises mondiales auxquelles nous sommes confrontés (en particulier l

Lire plus