10.04.18
ONU New York / 62e Session de la Commission sur la Condition de la Femme (CSW62) - Rapport des représentantes de MMM à cette conférence annuelle majeur sur les droits des femmes, consacrée cette année aux femmes vivant en milieu rural.
La 62ème session de la Commission sur le Statut de la Femme (CSW62) s’est tenue du 12 au 23 mars 2018 aux Nations Unies à New York. Cette Commission est le plus grand rassemblement des Nations Unies qui se penche sur les questions de l’égalité des genres et du droit des femmes. Plus de 4500 participants issus de la société civile, d’organisations internationales et des états membres se sont réunis cette année autour du thème « Problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural ».
Près de 600 évènements organisés par les missions et les organisations ont porté à la connaissance des participants les différentes problématiques pour l’automisation des femmes vivant en milieu rural et démontré à la fois leur importante contribution à l’économie mondiale et leur vulnérabilité.
Préalablement à la Commission, Make Mothers Matter avait soumis, en collaboration avec d’autres ONG deux déclarations relatives aux problèmes rencontrés par les mères vivant en milieu rural et avait proposé différentes recommandations dans le domaine de l’éducation, de la santé et de l’économie.
La Commission a mis en exergue l’importance de mettre en place des politiques pour la femme vivant en milieu rural qui représente une grande majorité de la population féminine et près d’un quart de la population mondiale.
Colonne vertébrale (« backbone ») de l’économie rurale, son rôle s’avère vital dans les économies rurales et aussi urbaines (les villes dépendant des moyens de subsistance produits en milieu rural) pour assurer la sécurité alimentaire du plus grand nombre, réduire la pauvreté et atteindre les ODD. La femme vivant en milieu rural subit en première ligne les changements climatiques majeurs qui affectent les zones agricoles (inondations, sècheresse, tempêtes) et conduisent à la famine et aux migrations. Elle représente néanmoins aussi l’espoir de freiner, par une culture appropriée des sols et le choix des semences, l’accélération de l’érosion climatique.
Sa charge de travail non rémunéré est bien plus important au sein de la famille et est augmentée par le manque d’infrastructures et de services. La femme rurale est en effet pénalisée par le manque de moyens de transport, d’accès à l’eau potable et a l’énergie, d’accès aux services financiers, d’outils pour le travail de la terre, et d’accès aux services d’éducation et de santé.
Citons par exemple les études menées dans plusieurs pays africains qui soulignent les difficultés que les femmes et les filles endurent en matière de transport. Moins motorisés (vélos, motos.) que les hommes, elles parcourent des longues distances à pied, pour aller à l’école, au marché, où elles sont confrontées aux dangers des violences masculines à leur égard (vols, viols).
Bien que moins accessible en milieu rural, l’éducation scolaire des filles est essentielle. Elle leur permet d’avoir l’espoir d’accéder à une vie meilleure et de développer les compétences nécessaires pour bénéficier des technologies de l’information et de la communication (TICs). Tous les panels ont aussi souligné que la scolarité des filles est le premier rempart contre le mariage précoce. Toutefois, c’est bien la précarité et la pauvreté qui conduit les familles à envisager ces mariages. La lutte contre le mariage précoce est liée aux politiques d’éradication de la pauvreté.
Le rôle des pères est un vecteur important de mise en confiance des filles. De façon plus générale, un homme doit être encouragé à promouvoir l’égalité des sexes au sein de la société et à s’assurer d’un partage plus équitable des tâches ménagères et éducatives dans l’intérêt de tous. L’implication des hommes est également indispensable pour combattre la violence vis-à-vis des femmes.
La nécessité d’associer l’ensemble des partenaires locaux afin de promouvoir l’évolution des traditions patriarcales de certaines régions rurales a été développée par exemple au Togo. WILDAF-AO y a mis en place dans les villages, une procédure de réduction des mariages forcés en associant les autorités religieuses qui ne célèbre plus de mariage lorsque la fille est encore scolarisée.
Premières victimes dans les zones de conflits, les mères ne peuvent plus cultiver la terre et nourrir leur famille. Veuves, isolées et responsables de leur famille, elles ne peuvent souvent que rejoindre le flux des migrants. Elles sont également souvent victimes de violence en l’absence de leur mari. Les jeunes filles sont souvent mariées avant 18 ans afin de les préserver des agressions potentielles.
Leur participation essentielle à toutes les étapes des processus de paix et aux efforts de reconstruction a été soulignée à maintes reprises lors des différents évènements, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU. Si elles sont pas impliquées, leurs voix ne seront pas entendues et leurs problèmes ne seront pas pris en considération, encore moins résolus. Comme le défend MMM pour les mères, les conclusions approuvées de la Commission rappellent la contribution positive des femmes au processus de paix en son article 34 :
De nouvelles solutions technologiques et de politiques adaptées intéressantes pour le transfert du droit de propriétés et la reconnaissance de la nationalité apportent des espoirs de développement. La mise à disposition de téléphone portable (même basique) permet de faciliter la déclaration des naissances, l ‘accès à la nationalité, le transfert de propriété , de disposer d’information pour la météo locale, le cours des denrées pour le commerce, d’échanger des informations pratiques, gérer ses finances et d’avoir accès à des conseils de sante. C’est également un support essentiel pour le développement de l’entreprenariat féminin en zone rurale.
Un ensemble de services qui ne peut être ignoré pour lutter contre l’isolement même si les femmes ont exprimé des réserves concernant le coût d’accès au téléphone, aux réseaux ainsi qu’à l’énergie.
La technologie appliquée au secteur de la santé, (e-health apps) est un excellent outil en matière de prévention et de sensibilisation, notamment pour les populations rurales qui sont éloignées des centres de santé. Le téléphone portable est omniprésent dans les pays en voie de développement, et de plus en plus utilisé en santé publique, en raison de son cout réduit. Un programme au Sénégal permet d’envoyer des messages sur les portables pour les rappels de vaccination : simple mais efficace. En Thaïlande, avec l’aide de l’OMS, plusieurs programmes utilisent les réseaux sociaux pour influencer les comportements en matière de santé publique et santé mentale, notamment à travers une vidéo pour expliquer la dépression et comment l’aborder et la traiter (dépression qui affecte deux fois plus de femmes que d’hommes).
L’accent a aussi été mis sur les liens entre santé reproductive et santé globale : comment la santé reproductive des femmes (grossesses, accouchements, contraception) peut être une porte d’entrée pour une prise en charge plus globale, notamment pour des populations rurales qui sont éloignées des centres de soin et ne consultent pas régulièrement.
Cette aide au développement reste limitée par l’analphabétisme, notamment celle des mères submergées par les tâches ménagères et le soin aux enfants, et qui n’ont pu être ou rester scolarisées. Deux solutions ont été suggérées :
Enfin, la CSW a également attiré l’attention sur les populations particulièrement fragiles des veuves et des mères handicapées en milieu rural.. Le rôle clé pour la sante que joue une mère a souvent été rappelé notamment pour la lutte contre l’obésité des enfants qui touchent tous les pays.
Les conclusions adoptées par les états sont encourageantes pour le futur des femmes vivant en milieu rural. MMM se félicite que suite à son intervention de 2017 le mot « fardeau » ne soit plus associé au travail familial non rémunéré dans les conclusions de la Commission.
MMM regrette toutefois l’absence du mot « mère » dans ce document et dans toutes les discussions, alors que la grande majorité des femmes en milieu rural sont mères. Peu de statistiques sont toutefois accessibles pour préciser ce point.
La participation en hausse en 2018 de la société civile (600 ONG) et des Etats membres (170) est un signe très encourageant pour les femmes et aussi les mères. De plus en plus d’ONG seront en mesure de faire pression et d’interpeller les Etats membres qui se sont engagés lors de ces Commissions en adoptant ces conclusions.
Le thème de la Commission 2019 a d’ores et déjà été annoncé et répond aux besoins en la matière de la commission 2018 : les « Systèmes de protection sociale, accès aux services publics et infrastructure durable pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles ».
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