Plaidoyer national – Les mères et l’économie

Concilier vie privée et vie familiale

En Belgique comme dans la plupart des pays, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale est un enjeu sociétal majeur. Les mères ne sont pas les seules concernées, mais ce sont surtout elles qui partagent leur temps entre le travail rémunéré, la garde des enfants et les soins aux parents âgés ou dépendants. Cette part disproportionnée de travail domestique et de soins non rémunérés entraîne des discriminations à l’embauche et dans la carrière professionnelle, des interruptions de carrière et du travail à temps partiel non désiré, un écart de rémunération entre les hommes et les femmes (16 % en moyenne) et des conséquences négatives pour la retraite (un écart de pension de 39 % en moyenne).

C’est pourquoi MMM en Belgique encourage l’adoption de mesures ayant un impact direct sur leur vie quotidienne, pour améliorer l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, MMM en Belgique promeut également une approche « parcours de vie ».

L’équipe belge a notamment travaillé avec l’équipe européenne sur la directive visant à « concilier la vie professionnelle et la vie privée des parents et des aidants » dans le cadre des piliers européens des droits sociaux. Elle suit maintenant la mise en Å“uvre en Belgique de cette directive adoptée en 2019.

Crédits pour soins dans le calcul des pensions

Ce sont le plus souvent des femmes mères de famille qui interrompent leur carrière pour s’occuper de leurs enfants ou d’autres membres de la famille. Cela réduit leurs revenus et leurs pensions et les place potentiellement dans une situation précaire : en Belgique, l’écart de rémunération moyen entre les hommes et les femmes s’élève à 16 % et l’écart de pension à 39 %.

La société ne doit pas pénaliser les mères qui choisissent de s’occuper de leur famille. MMM appelle à :

• Une plus grande visibilité du travail de soins familiaux non rémunéré et sa reconnaissance en tant que « travail », avec tous les droits qui y sont attachés
• L’inclusion du temps passé à s’occuper d’un membre de la famille dans le calcul des droits à la pension.

La Commission européenne recommande la mise en place de mécanismes de compensation au sein des systèmes de pension pour éviter que les femmes âgées ne tombent dans la pauvreté : crédits pour soins, pensions minimales et prestations de survivant. Des solutions innovantes pour la reconnaissance du travail familial non rémunéré doivent être étudiées, car ce travail n’est pas pris en compte dans le calcul des pensions et pénalise donc les mères au moment de la retraite.

MMM en Belgique s’est mobilisé sur la réforme des pensions. Lors de plusieurs réunions avec différents cabinets politiques, la fédération des employeurs et d’autres organismes publics, MMM a veillé à ce que le rôle et les droits des mères belges soient correctement entendus par les organismes publics et reflétés dans le travail législatif.

Lors de la rencontre « Moderniser la dimension familiale des pensions belges » en octobre 2017, un échange avec Béa Cantillon et Frank Vandenbroucke, deux membres de la Commission de réforme des pensions 2020-2040, a permis de mesurer la difficulté de la réforme. La question des pensions est intrinsèquement liée à celle de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Certaines mères vivent dans l’extrême pauvreté et sans aucun droit parce qu’elles ont travaillé toute leur vie pour élever leur famille à la maison et se sont retrouvées seules. D’autres, les plus nombreuses, travaillent et cotisent pour leur retraite, mais peuvent tôt ou tard interrompre leur carrière pour s’occuper de leurs enfants ou d’autres membres de leur famille. Enfin, certaines poursuivent une carrière professionnelle complète… Comment concilier ces différentes réalités ? Comment reconnaître et quantifier ces périodes de soins dans des situations aussi diverses, sans créer d’effet d’aubaine ? Pourquoi seulement les mères ? Autant de questions, autant de réponses et autant de solutions… Si Saskia van Uffelen, à la fois PDG d’une grande entreprise et mère de 5 enfants, n’a pas un profil type, elle a retenu notre attention en affirmant haut et fort que la vie familiale et professionnelle ne peut être conciliée sans le père de ses enfants…

Et si la solution la plus durable passait par l’implication des pères ?