04.04.21
N.U. Genève - Dans sa réponse à la consultation sur les droits de l'homme des femmes âgées, MMM rappelle que la répartition inéquitable des tâches de soins familiaux non rémunérés est une cause fondamentale des écarts de pensions entre les Hommes et les Femmes.
Dans sa réponse à  l’appel a contribution sur les « Droits de humains des femmes âgées » lancé par  l’Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’Homme Make Mothers Matter a répondu au questionnaire relatif aux réalités économiques, sociales et culturelles auxquelles les femmes âgées font face. Â
Lorsqu’il s’agit e recevoir une pension de retraite adéquate, il y a partout dans le monde, des écarts importants entre les Hommes et les Femmes. Ces écarts sont de 2 types :
Au niveau mondial, seule la moitié environ des personnes ayant dépassé l’âge légal de la retraite perçoivent une pension de vieillesse et, dans la plupart des pays, les hommes sont les principaux bénéficiaires. C’est dans les pays en développement que l’écart est le plus grand. En Égypte et en Jordanie, par exemple, les hommes sont 7 à 8 fois plus susceptibles de recevoir une pension que les femmes.
Même lorsque les femmes ont droit à une pension, le niveau de leurs prestations est inférieur à celui des hommes – bien que cet écart varie considérablement d’un pays à l’autre. Ainsi par exemple dans l’UE, les pensions de retraite des femmes sont en moyenne inférieures de 29 % à celles des hommes, mais cet écart varie de 2 % en Estonie à 44 % au Luxembourg.
Ces écarts de pension entraînent un risque plus élevé d’insécurité des revenus et de pauvreté dans la vieillesse pour les femmes. En outre, ils menacent nombre de leurs droits économiques et sociaux, notamment le droit à la santé et à un niveau de vie adéquat. Dans l’UE, par exemple, 17 % des femmes retraitées sont considérées comme exposées au risque de pauvreté, contre    13 % pour les hommes.
Cela signifie que de nombreuses femmes manquent d’indépendance économique à un âge avancé, ce qui les empêche notamment de quitter des relations abusives lorsque cela est nécessaire.
Enfin, l’allongement de l’espérance de vie des femmes augmente aussi la probabilité que les femmes âgées passent une plus longue partie de leur vie seules et pauvres.
Les raisons de ces écarts entre les sexes en matière d’éligibilité et de prestations sont multiples. Elles incluent une participation plus faible des femmes au marché du travail, des revenus moyens plus bas, ainsi qu’une incidence plus élevée de l’emploi informel.
Ils sont surtout le résultat des différents modèles de travail des hommes et des femmes tout au long de la vie. La réalité pour une majorité de familles est que ce sont les femmes/mères plutôt que les hommes/pères qui assument les responsabilités de soins . Dans la majorité des cas, les mères donnent la priorité à leur famille au détriment de leur propre carrière et de leur future pension, soit en prenant de longues interruptions de carrière pour élever les enfants, soit en étant plus susceptibles de travailler à temps partiel.
Ces différents modèles de travail sont aussi liés à une accumulation de discriminations auxquelles les femmes sont confrontées dans la sphère économique au cours de leur vie. Ces discriminations rejoignent souvent  d’autres types de discriminations (telles que la race et l’ethnicité, l’âge, le statut migratoire, l’appartenance à une zone urbaine ou rurale, la maternité, etc 🙂 et portent atteinte Ã
La répartition inéquitable du travail non rémunéré de soins familiaux entre les hommes et les femmes est à l’origine d’un grand nombre, sinon de la totalité, de ces inégalités et discriminations auxquelles les femmes sont confrontées tout au long de leur vie. Selon l’ancienne rapporteuse spéciale sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Magdalena Sepulveda, « la répartition sexuée du travail de soins non rémunéré est l’une des principales raisons pour lesquelles les femmes âgées sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que leurs homologues masculins. »
Et les mères sont particulièrement pénalisées: non seulement parce qu’elles interrompent leur carrière pour élever leurs enfants, mais aussi parce que l’écart salarial H-F est plus important pour les mères que pour les femmes sans enfant. En conséquence, les écarts de pension de retraite sont plus élevés pour les mères que pour les femmes qui n’ont pas eu d’enfant. En France par exemple, l’écart H-F en matière de pension atteint 48 % pour les mères de 3 enfants ou plus, contre 18 % pour les femmes sans enfant.
Les enquêtes sur l’emploi du temps montrent que lorsque le travail rémunéré et non rémunéré est combiné, les femmes travaillent plus que les hommes. Il est donc essentiel de s’intéresser à la question des activités de soins non rémunérées, et notamment de reconnaître la valeur essentielle de ce travail pour notre économie et notre société, afin d’autonomiser les femmes et de lutter contre l’insécurité des revenus et la vulnérabilité à la pauvreté des femmes âgées.
Un des moyens d’y parvenir serait de mettre en Å“uvre des « crédits de soins » dans les systèmes de pension, qui sont détaillés dans notre réponse à la consultation.
Réponse à la consultation de MMM
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