Maternité et programme de Pékin – une rétrospective

10.05.25

UN New York – La 69ème commission des Nations Unies sur le statut des femmes (CSW69) a marqué le trentième anniversaire de la déclaration de Pékin et sa plateforme d'action(BPfA). Ce document politique mondial de référence a été adopté par 189 pays lors de la quatrième conférence mondiale relative aux femmes qui s'est tenue à Pékin, en Chine, en 1995. La plate-forme d'action, qui est considérée comme l'un des plans directeurs les plus complets et les plus progressifs pour l'égalité des sexes dans le monde, appelle explicitement à la reconnaissance et au soutien des mères. Dans le cadre d'un événement parallèle, Make Mothers Matter a profité de l'occasion pour discuter des solutions à fournir face aux multiples obstacles et défis auxquels les mères sont confrontées dans le monde entier.

La maternité dans le programme d’action de Pékin – Le maillon manquant du développement durable

Notre représentante aux Nations unies, Farah Arabe, a modéré ce panel. Elle a ouvert la session en présentant la maternité comme un moteur puissant, mais négligé, du développement mondial durable.

  • S’appuyant sur des recherches scientifiques, elle a affirmé que le maternage façonne l’attachement dans la petite enfance, ce qui a une influence sur notre cerveau et nos systèmes biologiques tout au long de notre vie. Les relations nourricières et précoces sont propices à l’amélioration des résultats scolaires et de la productivité économique ; elles jettent les bases d’une santé physique et mentale à long terme et servent de modèle pour toutes les relations futures. Les mères sont des acteurs clés du développement de la petite enfance
  • Au niveau sociétal global, cela se traduit par des sociétés plus riches, plus saines, plus équitables, plus cohésives et plus pacifiques.

Malgré des engagements spécifiques en faveur de la santé, de l’éducation et de l’emploi des mères, la déclaration et la plate-forme d’action de Pékin ne reconnaissent pas les relations précoces positives ni leur retombées à long terme sur la société.

Farah a conclu en demandant aux panélistes d’évaluer, dans leurs domaines d’expertise respectifs, les progrès réalisés en ce qui concerne les engagements spécifiques aux mères dans le cadre de la PAP.

Une affaire sociale : la BPfA sur la santé et l’éducation des mères

Donna Cill, Professeur associée et dDirectrice adjointe, Centre de collaboration de l’Organisation mondiale de la santé au NYU College of Nursing  Centre de collaboration de l’Organisation Mondiale de la Santé au  NYU College of Nursing, a parlé de l’importance de la santé et de l’éducation maternelles, soulignant la nécessité d’une plus grande sensibilisation, d’un plaidoyer et d’une action dans quatre domaines spécifiques :

  • L’allaitement maternel : Il s’agit d’un droit de l’homme pour les nourrissons et les mères. Il est également essentiel pour l’immunité des enfants, le quotient intellectuel et la santé maternelle, et génère un rendement de 35 dollars pour chaque dollar investi. Il est nécessaire de plaider pour que les mères allaitent et de s’assurer que les communautés et les hôpitaux disposent de consultants en lactation, d’agents de santé qualifiés et d’installations appropriées pour permettre l’allaitement.
  • Quatrième trimestre : C’est le terme utilisé pour décrire les trois mois qui suivent l’accouchement. La société n’accorde pas suffisamment d’attention aux soins post-partum de la mère, à la santé mentale et aux risques cardiovasculaires, qui sont élevés au cours des trois premiers mois suivant l’accouchement. Nous devons nous assurer que ces femmes reçoivent les soins dont elles ont besoin.
  • Maîtrise de la santé : Des mères instruites améliorent la santé de la famille et réduisent les maladies non transmissibles, telles que l’hypertension et le diabète.
  • Communication mère-enfant : Lorsque les mères parlent à leurs enfants, elles peuvent réduire tous les comportements à risque pour la santé. C’est un facteur de protection tout au long de la vie. Les voix des femmes sont puissantes.

Un acte d’équilibre (non soutenu) : La BPfA sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la génération de revenus et les opportunités de carrière pour les mères

Ana Moreno, Secrétaire technique de l’Alliance mondiale pour les soins, a centré son intervention sur Pékin sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la génération de revenus et les possibilités de carrière pour les mères. Du côté positif, la plate-forme d’action reconnaît l’urgence de fournir des services de garde d’enfants et la nécessité de promouvoir un partage égal des responsabilités parentales entre les hommes et les femmes au sein des familles. Elle reconnaît également les défis imposés aux mères, en particulier aux jeunes mères et aux mères célibataires, en raison de leurs responsabilités en matière de garde d’enfants.

  • Dans le monde, les femmes effectuent 76,2 % du travail de soins non rémunéré, ce qui se répercute sur leur bien-être et leur développement personnel : les femmes qui sont mères se considèrent souvent comme n’ayant pas de temps à consacrer à elles-mêmes. Leur part disproportionnée de responsabilités et de travail affecte aussi leur possibilité  à participer pleinement à la vie active et à générer un revenu.
  • Il y a un manque de soutien, de réseaux, de services de garde d’enfants accessibles et de qualité, ainsi que de politiques de soutien dans le secteur du travail.

En réponse, l’Alliance s’attache à comprendre les soins comme un droit, un besoin, un travail précieux et un bien public. Il s’agit d’un investissement dans les personnes et la société. Ana a plaidé en faveur d’un changement de discours sur la manière dont nous nous occupons des personnes, sur les personnes qui s’occupent de nous et sur la manière dont nous nous occuperons des personnes à l’avenir. Elle a évoqué la nécessité d’une vision systématique et d’avancées à différents niveaux et dans différents secteurs, au niveau international et local, dans le domaine de la santé et de l’éducation, en plaçant les soins au centre des préoccupations. Elle a conclu en mettant en lumière deux modèles de soins innovants :

  • Bogotá Care Blocks (Colombia) and Utopias (Mexico City): Infrastructures publiques offrant un soutien holistique en matière de soins.
  • Germany & Barcelona: Programmes de promotion du congé parental et de la gratuité des services de garde d’enfants pour les familles à faibles revenus.

Les meilleures pratiques du point de vue des enfants : L’importance d’une approche bi-générationnelle et les conséquences de l’absence de la mère:

Sofia Garcia Garcia de SOS international villages d’enfants s’est jointe à la conversation pour parler des meilleures pratiques du point de vue des enfants, de l’importance d’une approche bi-générationnelle des solutions et des conséquences de l’absence de la mère.

  • Elle a souligné que l’attachement est essentiel au développement du cerveau, à la résilience émotionnelle et à la santé relationnelle à long terme. Le manque de soins maternels entraîne des traumatismes intergénérationnels et des coûts systémiques.
  • Elle a mis en garde contre la négligence institutionnelle, plaidant pour une prise en charge précoce et adaptée à tous les niveaux de la société.
  • Elle a donc plaidé pour un changement de paradigme : les soins comme un droit, et non comme une charge personnelle.

Elle a donc plaidé pour un changement de paradigme : les soins comme un droit, et non comme une charge personnelle.

Discussion Ouverte:

En conclusion, les participantes ont interagi et apporté des sujets importants à la conversation, en soulignant les solutions intergénérationnelles et systémiques, la reconnaissance et la valorisation du travail de soins non rémunéré, ainsi que l’action collaborative et le plaidoyer.

Les participants ont:

  • Souligné la nécessité de politiques de soins intégrés bénéficiant à la fois aux enfants et aux populations vieillissantes
  • Appelé à la reconnaissance des grands-parents en tant qu’aidants vitaux mais non soutenus
  • Appelé à des solutions intersectionnelles tenant compte du sexe, de l’âge et du statut socio-économique
  • Souligné que les soins non rémunérés sont fondamentaux mais invisibles dans la plupart des modèles économiques
  • De nombreux intervenants ont appelé à redéfinir les mesures du PIB pour y inclure les soins et à renforcer la protection sociale des mères et des aidants.
  • Plaidé en faveur de la santé maternelle et des réformes politiques
  • Demandé instamment que le soutien maternel ne se limite pas à la grossesse et à l’accouchement, mais s’étende également au post-partum et à l’éducation des enfants
  • Demandé instamment que le soutien maternel ne se limite pas à la grossesse et à l’accouchement, mais s’étende également au post-partum et à l’éducation des enfants
  • Reconnaitre l’importance de doulas, éducateurs et travailleurs communautaires

Conclusion: réflexions finales des intervenantes

Sofia: Les soins sont l’outil le plus puissant pour la transformation de la société, que ce soit sur le plan émotionnel, économique ou politique.

Ana: Plaçons les soins au centre de toutes les politiques et reconnaissons que chacun est à la fois soignant et soigné.

Donna: Réinventons la maternité grâce à un soutien systémique ; chaque geste de soutien peut être transformateur

 

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