La santé maternelle: indicateur de santé globale

Les mères ne meurent pas de maladies incurables…
Elles meurent car les sociétés doivent encore décider que leur vie vaut la peine d’être sauvée. “
Professeur Mahmoud Fathalla, Président de la fédération International des Obstétriciens et des Gynécologues

Mortalité et morbidité maternelle

Près de 300 000 mères meurent encore chaque année de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement

  • soit une mère toutes les 2 mn. (Chiffre de l’Organisation Mondiale de la Santé – OMS)

Jour de naissance en Inde – Photo Lieve Blanckaert

Selon l’OMS, la mortalité maternelle est définie comme étant « la mort d’une femme pendant la grossesse ou bien dans les 42 jours qui suivent la fin d’une grossesse – de toutes causes liées à la grossesse ou aggravées par celle-ci ou sa gestion, mais non de causes accidentelles ou secondaires ». Ses causes principales sont l’hémorragie, l’infection, l’avortement non médicalisé, l’hypertension artérielle et le travail prolongé ou entravé.

Entre 1990 et 2013, le taux de mortalité maternel a pourtant reculé de 380 à 210 pour 100.000 grossesses, soit une diminution significative de 45 %. Mais si ces chiffres sont encourageants, ils sont encore énormes et loin des 75 % de baisse entre 1990 et 2015 auxquels s’étaient engagés les états membres de l’ONU en 2000 dans «Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Moins visible mais tout aussi dramatique : la morbidité maternelle

De plus, pour chaque décès maternel, on dénombre environ 30 cas de maladies ou incapacités liées à la grossesse. Un exemple de morbidité maternelle encore trop courant est la fistule obstétricale, une affection qui peut être évitée, et dont les conséquences sont tragiques pour les mères. Celles-ci, en plus de souffrir physiquement, sont stigmatisées, abandonnées et isolées par leurs communautés. Un autre exemple est la stérilité qui peut résulter de complications, dont les conséquences sociales peuvent être tout aussi sérieuses.

L’absence de définition claire ainsi que le manque de statistiques sur ce sujet souvent tabou contribuent à son manque de visibilité ; la mortalité maternelle (plus facile à mesurer malgré les déficiences des nombreux systèmes d’état-civil) ne serait que la partie émergée de l’iceberg.

Une question de santé publique, mais aussi de droits humains pour les femmes

La plupart de ces décès et des handicaps liés à la maternité pourraient être évités grâce à un suivi médical pendant la grossesse et l’accouchement. C’est dire si la mortalité maternelle est un indicateur important sur le système de santé d’un pays – et sur la place des femmes.

La mortalité et la morbidité maternelle sont en effet aussi le résultat des inégalités de genre et des discriminations subies par les femmes, notamment dans l’accès à leur droits fondamentaux (droit à la vie, droit au niveau de santé le plus élevé…). L’égalité homme/femme contribue également à une meilleure santé maternelle.

Dans les pays développés aussi…

Si ces chiffres choquants concernent à 99% les pays en développement (en particulier l’Afrique Sub-Saharienne), les cas de mortalité maternelle existent aussi dans les pays développés.

Parmi ceux-ci, Les Etats-unis est le seul pays où le taux de mortalité est en augmentation : +27% entre 2000 et 2014, pour atteindre 28 pour 100 000 naissances – une augmentation qui serait notamment due aux maladies qui touchent la population américaine : l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires…

Des facteurs de risque liés à l’âge et à la condition économique et sociale

Photo Dominic Chavez/World Bank – Sierra Leone 2016

Le risque de complications et de décès dus à la grossesse est plus élevé chez les jeunes adolescentes que chez les femmes plus âgées. La grossesse est une des premières causes de décès chez les jeunes filles de 16 à 19 ans.

De même, la mortalité maternelle est également plus élevée parmi les femmes vivant en milieu rural et dans les communautés les plus défavorisées. C’est en particulier le cas au Etats-Unis où les femmes noires ont un risque jusqu’à 3 fois plus élevé de mourir de leur grossesse que les autres.

La mortalité maternelle à l’agenda international

L’ampleur du problème est reconnu au niveau international: réduire la mortalité maternelle fait partie de l’Agenda de développement à l’horizon 2030 – dans l’Objectif 3 consacré à la santé, Cible 3.1: Réduire le taux de mortalité maternelle de 50% – soit 108 décès pour 100 000 naissance au lieu de 216 en 2015. 

Néanmoins, cet objectif faisait déjà partie des Objectif de Développement du Millénaire adopté par les états en 2000, et à l’heure du bilan en 2015, il a fallu consater que trop peu de pays avaient atteint la cible de 75% de réduction. Une situation dénoncée par MMM.

« Les gouvernements et acteurs concernés ne peuvent promouvoir l’égalité sociale, les droits de l’homme et la justice sociale pour tous s’ils ne s’emploient pas véritablement à éradiquer totalement la mortalité maternelle qui peut être évitée. Ils ne peuvent se voiler la face quand la pire décision qu’une femme puisse prendre dans sa vie est celle d’avoir un enfant. Il est inconcevable que les citoyennes des pays pauvres soient punies, en perdant la vie, pour avoir accompli la seule et unique tâche dont tout le monde admet qu’elle est essentielle au développement humain. »
Déclaration de MMM à la 58e session de la Commission de la Condition de la Femme à l’ONU

 

Violences obstétricales : un problème qui gagne en visibilité

Partout dans le monde, le voile commence à se lever sur le sujet des violences et maltraitances subies par de nombreuses mères autour de la grossesse et l’accouchement.

Ces violences dites obstétricales peuvent aller de la parole insultante ou du refus d’information, aux gestes autoritaires, tels qu’une immobilisation forcée, une épisiotomie non consentie ou une péridurale refusée – Tout ce qui, de près ou de loin, contraint la femme enceinte à subir quelque chose contre son consentement libre et éclairé, ou qui viole sa dignité.

De telles maltraitances non seulement nuisent au bien-être des mères, mais elle peuvent mettre leur vie en danger. Elles sont clairement une violation de leur droit fondamental de « bénéficier du plus haut standard possible de santé », qui inclut le droit de recevoir des soins dans le respect et la dignité, ainsi que le droit à la non-discrimination et à l’absence de violence.

Les droits fondamentaux de toutes les femmes doivent être respectés – y inclus quand elles sont enceintes et autour de l’accouchement. Chaque femme doit être considérée comme une personne capable d’être informée et de prendre des décisions médicales pour elle et son enfant. Les systèmes de santé devraient être à même de satisfaire les besoins individuels de chacune et de respecter ses choix autour de la naissance.

Dans le cas des pays développés, et en Europe notamment, le problème des violence obstétricale émerge dans un contexte de surmédicalisation de la naissance, un sujet qui fait également l’objet de débats quand aux choix qui sont laissés aux mères.

Gestion Pour Autrui (GPA)

MMM fait partie du mouvement #StopSurogacyNow, qui s’oppose à l’exploitation des femmes et au trafic d’enfants par la maternité de substitution ou GPA.

Nous avons également élaboré notre propre position argumentée détaillant les raison de notre opposition à la pratique de la GPA.

Les associations membres de MMM en action sur le terrain

  • Memisa (Basée en Belgique) mène des projets au Bénin, au Burundi, au Congo-Brazzaville, en Inde, en Mauritanie et en RD du Congo pour améliorer l’accès au soin de santé maternelle.
  • AIMS Ireland et Mame pentru Mame (Roumanie) et militent pour le respect des mères et des leurs choix de santé maternelle et autour de l’accouchement.

 

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