Care et Education au coeur d’une reprise innovante

07.01.22

NUNew York, Commission du Développement Social - Le thème principal de la 60ème Session de la commission du Développement Social est centré sur la reprise inclusive et résiliente après le COVID-19 pour des moyens de subsistance durables, le bien-être et la dignité pour tous : éradiquer la pauvreté et la faim sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions pour réaliser l'Agenda 2030. MMM y présente une Déclaration écrite

La pandémie de Covid-19 a engendré des pertes dramatiques en vies humaines, et aussi  des perturbations économiques et sociales dévastatrices dans le monde entier. Les vulnérabilités et inégalités préexistantes s’en trouvent multipliées et exacerbées.

Avant la pandémie, les femmes-surtout les mères- plus présentes dans les économies informelles, étaient déjà moins en capacité d’accès à la protection sociale, moins bien rémunérées que les hommes, sur-représentées dans les statistiques de pauvreté, économiquement pénalisées par leur part de travail de soins non rémunéré. La pandémie a encore aggravé leur situation.

Les mères ont été particulièrement touchées

Augmentation du Travail de Soin non rémunéré familiaux, notamment la garde des enfants:

Les mères ont absorbé une grande partie de l’augmentation du travail de soins non rémunéré consécutive au confinement. Elles ont dû suppléer à la fermeture des écoles et services de garde des enfants, assurer l’école à la maison, le télétravail des membres de la famille, et parfois palier à la réduction de l’aide apportée par certains membres de la familles, notamment les grands-parents.

Perte d’emploi ou de moyens de subsistance :

Certains secteurs économiques comptant une forte proportion d’employées féminines (comme le tourisme, le commerce de détail non alimentaire…) ont été particulièrement touchés par la crise économique découlant des fermetures et obligeant à des licenciements. De nombreuses mères qui occupaient un emploi à temps partiel ou précaire afin de rester disponibles pour leur famille ont également perdu leur emploi. D’autres ont dû démissionner en raison de l’augmentation du travail de soins non rémunéré et du manque de temps pour un travail rémunéré qui en découle. Certaines mères ont tout simplement perdu leurs moyens de subsistance en tant que travailleuses informelles.

La conséquence directe est un bon de la précarité, avec environ 96 millions de personnes tombées dans la pauvreté en raison du covid-19, dont 47 millions sont des femmes et des filles. Ainsi a ce jour, on compte jusqu’à 435 millions le nombre de femmes et de filles vivant avec moins de 1,90 dollar par jour dans le monde.

Détérioration de la santé mentale:

Le stress de nouvelles contaminations et des incertitudes économiques, des fermetures permanentes, l’augmentation des responsabilités en matière de soins, les défis de l’équilibre vie professionnelle et vie privée, l’isolement et la déconnexion des réseaux de soutien habituels, ont contribué à l’épuisement et à la détérioration de la santé mentale des mères – en particulier des mères célibataires.

Difficultés d’accès aux services de santé maternelle et néonatale essentiels et de qualité :

Les professionnels de santé, y compris les sages-femmes, ont été affectés aux efforts d’intervention de Covid-19, ce qui a perturbé le fonctionnement des  services de santé maternelle et infantile. En plus, les femmes enceintes et les mères avec des nouveau-nés ont eu des difficultés à accéder aux services en raison des mesures de confinement et de l’accès restreint aux établissements de santé. Elles étaient également réticentes à se rendre dans les établissements de santé par crainte d’être infectées.

Cette situation aurait pu mettre leur vie en danger en cas de complications pendant la grossesse ou autour de l’accouchement, et la mortalité et la morbidité maternelles devraient augmenter, en particulier dans les pays à faible revenu.

Coup de projecteur sur les principales défaillances de nos systèmes sociaux et économiques:

Alors que nous continuons à faire face à cette crise et à ses conséquences, avec les inévitables perturbations de notre société et de notre économie, rappelons nous qu’il y a aussi des leçons à tirer, car cette pandémie a mis en lumière les principales défaillances de nos systèmes sociaux et économiques.

En particulier:

  1. La crise a montré à quel point les soins sont au cÅ“ur de nos vies. Elle a montré que, qu’il soit rémunéré ou non, ce travail essentiel n’est pas correctement reconnu et ni valorisé, ni dans notre société, ni dans notre économie. Elle a clairement montré que la plupart des soins familiaux non rémunérés incombent aux femmes, et que cette répartition inéquitable des soins et des responsabilités non rémunérés constitue une entrave, notamment pour les mères qui doivent jongler avec les soins et le travail rémunéré. Elle a démontré que le travail de soins non rémunéré est une cause de difficultés économiques et d’injustice pour les femmes.
  2. La crise a aussi mis en évidence les lacunes de la protection sociale et l’inadéquation des systèmes actuels, en particulier dans les pays en développement. Enfin, elle a également l’importance du  rôle des ONG de terrain et de la solidarité entre les personnes au sein des familles et des communautés – pour combler ces lacunes.

La voie à suivre : la transition vers une économie du bien-être

La crise du covid-19 offre une occasion unique d’opérer un changement transformateur pour remédier à ces défaillances systémiques, qui touchent particulièrement les mères.Il s’agit de changer les narratifs et d’agir

Reconnaissance et soutien du travail de soins non rémunéré comme un travail essentiel – et une responsabilité collective

Il est grand temps que les gouvernements:

  • reconnaissent que le travail de soins non rémunéré EST un travail, un travail essentiel
  • reconnaissent qu’il profite à l’ensemble de la société sur plusieurs générations et qu’il soutient l’économie – et qu’il s’agit donc d’un bien public et d’une responsabilité collective
  • s’attaquent au problème de sa répartition inéquitable par des politiques de redistribution et des infrastructures et services publics adéquats
  • investissent sérieusement dans le soutien aux femmes, aux parents et aux autres soignants qui accomplissent ce travail précieux, mais non rémunéré et le plus souvent invisible, consistant à prendre soin de la génération suivante et à l’élever.

Concrètement, La mise en oeuvre de la  résolution 2013 de la CIST sur les statistiques du travail – qui en fait reconnait le travail non rémunéré comme un travail – permettrait également de le rendre visible, au même titre que les statistiques du travail. Mobiliser l’ensemble du gouvernement pour développer une politique nationale de soins – comme l’a fait l’Uruguay – est aussi une façon d’avancer.

Protection Sociale Universelle

La protection sociale est essentielle pour les aidants non rémunérés dont le manque de temps se traduit souvent par la pauvreté ou le manque d’indépendance économique, en particulier pour les mères.

Reconnaissant le travail de soins non rémunéré comme un travail, chaque aidant non rémunéré devrait avoir accès à la protection sociale – comme tout autre travailleur. En particulier, chaque mère devrait être soutenue par l’accès à la sécurité sociale, aux soins de santé, aux droits à la retraite et à une protection complète de la maternité – qu’elle exerce un travail rémunéré ou non. La protection sociale universelle est une façon de répondre à cet impératif.

En outre, la protection sociale doit être considérée comme un investissement, et non comme une dépense qu’il convient de minimiser. Soutenir les aidants, en particulier les parents, par des services publics et une protection sociale adéquats, c’est investir dans les personnes et les familles.

En fin de compte, il s’agit aussi d’investir dans les enfants – et nous savons à quel point les soins maternels sont essentiels pendant les premières années d’un enfant, et le rendement élevé qu’ils peuvent apporter, principalement pour les familles vulnérables. De même, investir dans la santé mentale de la mère est rentable.  Et donner la priorité au vaccin Covid-19 pour les mères est essentiel pour le bien-être actuel et futur de leurs enfants : elles ne peuvent pas se permettre d’être malades – surtout les mères célibataires.

Changements Systémiques de nos économies 

Si l’on adopte une vision plus large, les nombreuses crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui (c’est-à-dire le Covid-19, la dégradation de l’environnement et le changement climatique, l’augmentation des inégalités, la crise des soins…) sont profondément enracinées dans un système économique qui ne parvient pas à reconnaître, valoriser, protéger et investir dans ce qui est essentiel à notre bien-être – cela commence par les soins.

Comme l’a noté Silke Staab d’ONU Femmes, « les soins aux personnes et à l’environnement naturel, bien que distincts, ont beaucoup en commun : ils se déroulent en grande partie en dehors des marchés, ils produisent des biens publics dont les bénéfices s’étendent au-delà des individus et des générations, et ils sont essentiels pour le fonctionnement, la durabilité et la survie des économies et de l’humanité dans son ensemble. »

Nous avons toutes les raisons de transformer notre système économique et d’abandonner le récit de la « croissance du PIB » : Le produit intérieur brut ne mesure que l’économie monétisée et ne tient notamment pas compte du travail de soin non rémunéré et du travail de la nature. Il ne dit rien non plus de la pertinence sociale ou écologique de cette activité économique, ni de ses « dommages collatéraux » (par exemple, la pauvreté des femmes, la dégradation de l’environnement…). En effet, la « croissance » sans fin doit être remise en question compte tenu des limites physiques de notre planète.

 

Il est temps de changer de paradigme et pour les gouvernements de construire un nouveau système économique où sur le long terme, le bineêtre des personnes et de la planète sont prioritaires; il est temps qu’ils transitent vers une wellbeing economy – dans laquelle care et éducation sont au centre.

Il s’agit d’une décision politique qui peut et doit être prise. Il s’agit des objectifs de notre système économique, de ce qu’il valorise et des indicateurs qu’il utilise pour le piloter.

The five governments who are part of the Wellbeing Economy Partnership (WEGo), i.e. Finland, Iceland, New Zealand, Scotland and Wales, are showing us the way. Using a participatory approach, they have defined new sets of wellbeing indicators and re-oriented policymaking and budgets to improve these indicators.

We at MMM are calling on all governments at every level to follow their lead.

MMM Statement for download – with references and list of co-signatories

MMM Statement as UN Document (ref. E/CN.5/2022/NGO/38)

The 60th session of the UN Commission on Social Development (CSocD60) will take place virtually from 7 to 16 February 2022.

 

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