Développement de la petite enfance : le rôle essentiel des mères – et des pères


L’accent sur la grossesse et le développement de la petite enfance est crucial

« Le poids et le coût de l’inaction (dans le domaine de la santé physique et mentale maternelle pendant la grossesse et des soins de la petite enfance) sont élevés. Chiffre incroyable, 43% des enfants de moins de cinq ans vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire – soit environ 250 millions d’enfants – risquent de connaître un développement sous-optimal en raison de la pauvreté et de retards de croissance. Actuellement l’amplitude du problème est sous-estimée car les risques pour la santé et le bien-être dépassent ces deux facteurs. »

Promouvoir le développement de la petite enfance: de la science à la pratique, The Lancet, octobre 2016

Les arguments en faveur du développement de la petite enfance (DPE) ne sont pas nouveaux: l’OMS, l’UNICEF, la Banque mondiale et les universitaires plaident depuis longtemps pour plus d’efforts pour cette période cruciale du développement de l’enfant, et de ses retours sur investissements potentiellement élevés. Depuis la publication en octobre 2016 de la série spéciale du Lancet sur le développement de la petite enfance, les appels se sont multipliés, y compris par MMM, et la sensibilisation augmente dans tous les secteurs. Il existe maintenant des arguments scientifiques, sociaux et économiques solides et bien établis en faveur de l’investissement dans l’éducation et l’accueil de la petite enfance.

Commencer dès le début : la période prénatale est tout aussi importante !

« Si nous investissons des millions de dollars dans des programmes éducatifs qui commencent à trois, quatre ou cinq ans alors que nous n’avons pas développé le cerveau suffisamment pour qu’il soit à même de recevoir cette éducation, c’est du gaspillage. Il est important de s’assurer à ce que le cerveau se soit bien développé in utero .. Pour que quand l’éducation formelle commence, les cellules nerveuses et les dendrites soit en mesure d’y répondre. »

Dr. Ann Diamond Weinstein, Professeur d’anatomie et de neurosciences, Université de Californie, Berkeley

Pendant la grossesse – et jusqu’à l’âge de 3 ans, le cerveau se développe au rythme impressionnant de 700 à 1000 nouvelles connexions par seconde, soit plus rapidement qu’à tout autre moment de la vie. Les progrès récents en neurosciences ont également confirmé que plus que la génétique, les premières expériences du bébé façonnent son développement cérébral et ont un impact à long terme sur sa santé mentale et émotionnelle, ainsi que sur son développement physique, intellectuel et social – y compris pendant la grossesse.

Les mauvais traitements ainsi que les traumatismes subis pendant la grossesse ou la petite enfance (violence, abus, négligence ou toute forme de stress) peuvent entraîner des perturbations physiologiques ou générer des souvenirs biologiques qui compromettent le développement de l’enfant et son potentiel de participation productive dans la société plus tard dans la vie.

A l’inverse, la sécurité et l’écoute, associées à des soins affectueux et attentifs, des interactions stimulantes et une éducation précoce sont liés à un développement optimal et à un bon fonctionnement du cerveau tout au long de la vie.

Soutenir et accompagner les parents : il sont les premiers éducateurs de l’enfant et les mères ont un rôle primordial

Le mouvement mondial de l’ONU Every Woman Every Child (EWEC) a mis en avant les résultats remarquables que sa « Stratégie mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents (2016-2030) » pourrait produire d’ici 2030. Ceux-ci incluent notamment un « retour sur investissement d’un facteur supérieur à 10, grâce à de meilleurs résultats scolaires, une participation accrue au marché du travail et le paiement de cotisations sociales qui en résulte; soit au moins 100 milliards de dollars US en dividendes provenant des investissements dans la santé et le développement de la petite enfance et de l’adolescence; et une grande convergence dans le domaine de la santé, donnant à toutes les femmes, enfants et adolescents une chance égale de survivre et de prospérer ».

Il existe également une justification économique pour un meilleur suivi et soutien des mères durant la grossesse et la petite enfance. Des recherches menées par la London School of Economics et le Centre for Mental Health ont établi que actions de suivi et de soins pour les mères et les bébés pendant la grossesse et la petite enfance sont cinq fois plus efficaces que les interventions ultérieures.

Avoir une perspective à long terme

« Investir dans des services de développement de la petite enfance de qualité pour les enfants défavorisés de la naissance à l’âge de 5 ans aidera à prévenir les déficits de réussite et débouchera sur de meilleurs résultats en matière d’éducation, de santé, et dans les domaines sociaux et économiques. De tels investissements réduiront le besoin de mesures correctives coûteuses et de dépenses sociales tout en augmentant la valeur, la productivité et le potentiel de revenu des individus. »

The Heckmann Equation
(2014), Professeur James J. Heckman, Université de Chicago

Les résultats à long terme vont bien au-delà de la santé de la mère et des enfants aujourd’hui. Investir dans la santé maternelle et le développement de la petite enfance en ciblant les familles les plus défavorisées pourrait avoir un impact sur la prospérité et la stabilité futures d’un pays. Cela pourrait potentiellement aider à briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté, favoriser une meilleure dynamique au sein des familles et, à terme, créer des communautés et des sociétés plus justes et plus pacifiques.

Recommandations de MMM aux politiciens

  • Reconnaître l’importance de ces premières années essentielles pour le développement de l’enfant, en particulier entre la conception et l’âge de 3 ans, et en faire une priorité d’investissement et une stratégie clé à long terme pour l’éradication de la pauvreté.
  • Élaborer des politiques intersectorielles nationales pour éduquer et soutenir les mères et les pères dans leurs rôles de premiers éducateurs, en particulier pendant la grossesse et ces premières années critiques, pour s’assurer à ce que les bébés bénéficient de relations et d’environnements protecteurs, aimants et stimulants.
  • Reconnaître que le travail non rémunéré de prise en charge d’un nouveau-né ou d’un très jeune enfant est essentiel mais prend également du temps, et atténuer le problème de la pauvreté en temps qui en résulte et qui limite l’engagement de nombreuses mères dans des activités génératrices de revenus – notamment par le développement d’infrastructures publiques ciblées et de services, mais aussi par le biais d’allocations ciblées.

Les soins et l’éducation de la petite enfance – qui doivent débuter dès la grossesse – et la reconnaissance et le soutien des mères et des autres aidants dans leur rôle essentiel d’éducation des enfants constituent le meilleur investissement qu’un pays puisse faire. Non seulement c’est une question de droits de l’enfant, mais il est essentiel à la réalisation du Programme de développement à l’horizon 2030, notamment l’ODD1 sur l’éradication de la pauvreté et l’ODD16 sur la promotion de sociétés pacifiques et inclusives.

 

 

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