Promouvoir le développement de la petite enfance: de la science à la pratique, The Lancet, octobre 2016
Les arguments en faveur du développement de la petite enfance (DPE) ne sont pas nouveaux: l’OMS, l’UNICEF, la Banque mondiale et les universitaires plaident depuis longtemps pour plus d’efforts pour cette période cruciale du développement de l’enfant, et de ses retours sur investissements potentiellement élevés. Depuis la publication en octobre 2016 de la série spéciale du Lancet sur le développement de la petite enfance, les appels se sont multipliés, y compris par MMM, et la sensibilisation augmente dans tous les secteurs. Il existe maintenant des arguments scientifiques, sociaux et économiques solides et bien établis en faveur de l’investissement dans l’éducation et l’accueil de la petite enfance.
Dr. Ann Diamond Weinstein, Professeur d’anatomie et de neurosciences, Université de Californie, Berkeley
Pendant la grossesse – et jusqu’à l’âge de 3 ans, le cerveau se développe au rythme impressionnant de 700 à 1000 nouvelles connexions par seconde, soit plus rapidement qu’à tout autre moment de la vie. Les progrès récents en neurosciences ont également confirmé que plus que la génétique, les premières expériences du bébé façonnent son développement cérébral et ont un impact à long terme sur sa santé mentale et émotionnelle, ainsi que sur son développement physique, intellectuel et social – y compris pendant la grossesse.
Les mauvais traitements ainsi que les traumatismes subis pendant la grossesse ou la petite enfance (violence, abus, négligence ou toute forme de stress) peuvent entraîner des perturbations physiologiques ou générer des souvenirs biologiques qui compromettent le développement de l’enfant et son potentiel de participation productive dans la société plus tard dans la vie.
A l’inverse, la sécurité et l’écoute, associées à des soins affectueux et attentifs, des interactions stimulantes et une éducation précoce sont liés à un développement optimal et à un bon fonctionnement du cerveau tout au long de la vie.
Le mouvement mondial de l’ONU Every Woman Every Child (EWEC) a mis en avant les résultats remarquables que sa « Stratégie mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents (2016-2030) » pourrait produire d’ici 2030. Ceux-ci incluent notamment un « retour sur investissement d’un facteur supérieur à 10, grâce à de meilleurs résultats scolaires, une participation accrue au marché du travail et le paiement de cotisations sociales qui en résulte; soit au moins 100 milliards de dollars US en dividendes provenant des investissements dans la santé et le développement de la petite enfance et de l’adolescence; et une grande convergence dans le domaine de la santé, donnant à toutes les femmes, enfants et adolescents une chance égale de survivre et de prospérer ».
Il existe également une justification économique pour un meilleur suivi et soutien des mères durant la grossesse et la petite enfance. Des recherches menées par la London School of Economics et le Centre for Mental Health ont établi que actions de suivi et de soins pour les mères et les bébés pendant la grossesse et la petite enfance sont cinq fois plus efficaces que les interventions ultérieures.
Les résultats à long terme vont bien au-delà de la santé de la mère et des enfants aujourd’hui. Investir dans la santé maternelle et le développement de la petite enfance en ciblant les familles les plus défavorisées pourrait avoir un impact sur la prospérité et la stabilité futures d’un pays. Cela pourrait potentiellement aider à briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté, favoriser une meilleure dynamique au sein des familles et, à terme, créer des communautés et des sociétés plus justes et plus pacifiques.
Les soins et l’éducation de la petite enfance – qui doivent débuter dès la grossesse – et la reconnaissance et le soutien des mères et des autres aidants dans leur rôle essentiel d’éducation des enfants constituent le meilleur investissement qu’un pays puisse faire. Non seulement c’est une question de droits de l’enfant, mais il est essentiel à la réalisation du Programme de développement à l’horizon 2030, notamment l’ODD1 sur l’éradication de la pauvreté et l’ODD16 sur la promotion de sociétés pacifiques et inclusives.
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