Seules la reconnaissance du « Care Gap » et la valorisation du travail de soins permettront l’égalité des sexes

02.03.20

Make Mothers Matter a répondu en février 2020 à la feuille de route de la Commission européenne sur l'égalité des genres. Cette initiative qui appelle à un nouveau cadre politique (2020-2024) pour continuer à lutter contre l'inégalité entre les sexes sera publiée le 5 mars 2020.

En dépit des efforts de la Commission européenne, la législation et les politiques de l’UE sur l’égalité des sexes n’ont jusqu’ici eu qu’un impact limité. L’écart de rémunération entre les sexes et l’écart de pension persistent. Depuis 2005, l’indice de l’UE en matière d’égalité entre les sexes n’a augmenté que de 5,4 points (+ 1,2 point depuis 2015). (EIGE, Indice de l’égalité entre les femmes et les hommes 2019).

Le principal problème est le manque de compréhension des causes profondes de l’inégalité entre les sexes. Parmi celles-ci :

  • Le partage inégal du travail de soins non rémunéré (« care gap »)
  • Les stéréotypes de genre et de discrimination
  • Des législation européenne et nationales inadaptées aux réalités du XXIe siècle où les femmes exercent également un travail rémunéré. La législation du travail est rigide et remonte à l’ère industrielle, lorsque les femmes effectuaient le travail de soins et que les interruptions de carrière n’étaient pas nécessaires.

Make Mothers Matter soutient que l’égalité des sexes ne sera jamais atteinte tant que le « Care Gap » ne sera pas reconnu, et que le travail de soins ne sera pas redistribué et reconnu comme un travail de valeur. La répartition du travail de soins incombe encore beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes.

Dans l’Union européenne, le manque de reconnaissance de la valeur de ces activités et l’absence de mesures visant à le redistribuer plus équitablement constituent un obstacle majeur à l’égalité entre les femmes et les hommes. Les femmes continuent d’effectuer la majorité des tâches non rémunérées de soins, comme les travaux ménagers et les soins aux enfants, aux personnes handicapées, aux personnes âgées ou aux personnes fragiles. Cette inégalité est difficile à prouver car on ne dispose pas de données récentes et fiables sur la part du travail de soins non rémunéré dans les ménages européens. Il n’existe que quelques estimations et ce qui n’est pas comptabilisé n’a pas de « valeur ».

Cette situation a un impact sur la disponibilité des femmes sur le marché du travail. Elle les oblige à réduire leurs heures de travail rémunérées, réduisant non seulement leur revenu global, mais aussi leur progression de carrière, le temps de formation ou de reconversion et affectant également leur salaire horaire et leur retraite. Les femmes ayant des enfants sont considérées comme moins disponibles, moins compétentes et sont donc discriminées en termes de promotion, d’accès à la formation, de postes plus élevés, etc.  Il en résulte ainsi une « pénalisation de la maternité ».

Il est urgent que la Commission européenne définisse des objectifs et des indicateurs clairs, y compris des analyses d’impact. Il serait également important d’inclure un sous-domaine qui compare les femmes sans enfants et les mères, dans le calcul des écarts de rémunération. La comparaison entre les familles avec enfants et les familles sans enfants cache le fait que dans de nombreux cas, les hommes compensent la perte de revenus (heures supplémentaires, etc.) et que l’écart réel entre les sexes n’est pas indiqué.

Selon le rapport de l’OIT (The motherhood pay gap : a review of the issues, theory and international evidence, Genève, 2015), la pénalisation due à la maternité augmente avec le nombre d’enfants. Dans de nombreux pays d’Europe, l’écart reste faible avec un enfant, mais il augmente de manière significative avec trois.

Les femmes ont besoin d’être soutenues lors de leur retour sur le marché du travail après une interruption de carrière due à des responsabilités familiales. Elles doivent pouvoir valider les compétences informelles acquises en travaillant à domicile en ayant accès à des formations afin de maintenir leur niveau de rémunération et leur ancienneté.

Si les politiques et les entreprises ne s’attaquent qu’à l’écart de rémunération entre les sexes et si aucun chiffre ne montre que les mères sont pénalisées, la société ne pourra pas supporter les coûts de l’éducation des enfants et assurer une meilleure répartition de leur éducation. Sachant que l’économie en général bénéficiera également d’une telle redistribution.

Make Mothers Matter appelle l’UE et les États membres à

  • Reconnaître (et mesurer régulièrement) les écarts de répartition en matière de soins
  • Reconnaître et traiter le « Care Gap » comme un obstacle majeur à l’égalité des sexes/à l’émancipation économique des femmes et comme une cause profonde d’inégalité et de discrimination
  • Reconnaître le travail de soins comme un travail essentiel qui doit être mieux soutenu et valorisé.

Nous demandons instamment aux autorités de prendre les mesures nécessaires pour répondre aux besoins essentiels des mères européennes afin d’éliminer les conséquences discriminatoires de la maternité. Ces besoins sont tirés des résultats de l’enquête que nous avons menée auprès de 12 000 mères en Europe sur leurs priorités (What Matters to Mothers in Europe, Survey of Mothers in Europe, résultats de 2011), des meilleures pratiques observées et d’autres résultats de recherche qui peuvent être réduits à cinq principes : temps, choix, services, ressources et reconnaissance.

Pour en savoir plus

 

 

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