« Le travail non rémunéré réalisé dans le cadre familial n’a aucune valeur dans nos systèmes économiques  » Maria-Angele Duran Sociologue

19.03.19

UN New York – La question du travail familial non rémunéré, le " care ", a occupé une place centrale à la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. A MMM, nous affirmons que, malgré l'absence de valeur marchande dans les systèmes économiques, l'avenir de la société, à travers les enfants, le bien-être de membres de la famille élargie, et même la croissance économique résultant de la disponibilité et du salaire des travailleurs, en dépend.

Inès Rosell & Pascal Restuccia, MMM Representatives

 

 

Cette année, lors de la  63eme session , le thème principal de la CSW concerne « les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et infrastructures durables pour l’égalité des sexes, et l’autonomisation des femmes et des filles ».

Ines Rosell,  représentante de MMM  aux Nations Unies à New York a souligné que les femmes ont des droits, soignent, travaillent et sont des Mères. Son rapport suit:

#formothers – Nous avons besoin de politiques sociales efficaces pour les mères : congés de maternité payés, congés parentaux, soins de santé universels ou services de garde d’enfants.

La ministre de la santé finlandaise représente l’un des pays ayant les meilleures politiques au monde en matière de maternité et d’enfance, notamment les fameuses « baby boxes ». Elle a expliqué que ces politiques sont anciennes et remontent à 1930 pour être précis

Un système de soutien à la maternité ne peut pas être construit du jour au lendemain, a-t-elle souligné. C’est un engagement à long terme qui porte ses fruits sur le long terme en raison de ses avantages pour les familles et plus généralement pour la société.

Le rôle reproductif d’une femme a une influence sur sa vie et son bien-être. En étant principalement chargées d’élever leurs enfants et de s’occuper de la famille, deux tâches non rémunérées, les femmes perdent au niveau de leur revenu personnel, de leurs perspectives de carrière et, en fin de compte, de leurs  pensions.

Nous avons besoin d’une compensation pour le travail familial non rémunéré afin de redresser l’injustice que cette responsabilité impose aux femmes. Certains pays avancent des politiques allant dans ce sens, comme la France avec un bonus d’un an par enfant pour le calcul des droits à la retraite. Mais il reste encore beaucoup à faire.

#sharethecare – Nous avons aussi besoin d’une plus grande participation des hommes au travail familial non rémunéré.

Les ministres des Affaires sociales de Finlande, de Suède, de Norvège, du Danemark et d’Islande se sont unis pour souligner l’importance du rôle du père dans la garde des enfants.

Aussi, ces pays sont les pionniers du congé  de paternité. Ils conviennent qu’un partage plus équilibré  de l’éducation des enfants et des tâches ménagères au sein d’un ménage est essentiel pour renforcer la participation des femmes à la vie économique. Cela induit aussi une augmentation du revenu de la femme et, par conséquent, une augmentation de la croissance économique des pays. En fin de compte, ce rééquilibrage est crucial pour parvenir à l’égalité des sexes.

La mise en œuvre du congé de paternité rémunéré, ajouté au congé de maternité rémunéré, contribue à renforcer la participation des pères au travail familial, avec un triple impact positif sur la mère, l’enfant et le père lui-même. Mais le congé de paternité ne suffit pas à lui seul. Le Japon et la Corée offrent le congé de paternité le plus long. Mais les pères ne le prennent pas, alors que dans un pays comme la Norvège, où 80% des pères le prennent.

De plus, de nombreux pays sont également confrontés à des problèmes économiques.

Malheureusement, les politiques d’austérité suppriment les programmes de protection sociale, en particulier ceux qui bénéficient aux femmes et aux mères.                                                                          Garde d’enfants, soins aux personnes âgées… ce sont les femmes qui souffrent le plus du manque de services publics.

Le coût du « care », qui prend beaucoup de temps, explique pourquoi cette responsabilité incombe aux femmes de la famille ou aux travailleuses migrantes. Il faut 17 à 18 heures par jour pour s’occuper d’un nouveau-né. Imaginez le coût  que cela représenterait si les mères étaient payées au salaire minimum, plus les frais!

La sociologue Maria-Angeles Duran estime que le « care » n’est pas un bien marchand. »Pour nos systèmes économiques, cela n’a aucune valeur ». Néanmoins, l’avenir de la société (les enfants), le bien-être de ses membres (la famille élargie) et même la situation économique, la croissance (disponibilité et rémunération des travailleurs) en dépendent.

A lire aussi:

  1. Déclaration écrite présentée par MMM en aval de la session
  2. Les recommandations de MMM pour résoudre la question du travail familial non rémunéré

 

 

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